Ascension du Galibier depuis depuis Saint Michel de Maurienne (par Valloire)

C’était l’un de mes défis personnels de l’année 2024 : faire l’ascension du Galibier en partant depuis Saint-Michel-de-Maurienne, et donc en passant par Valloire.


Malgré la souffrance, et le temps très moyen (merci les bourrasques de vent) ce fut un régal !
Retrouvez en détail mon ressenti et mes conseils sur l’ascension de ce mythique col.

À l’Assaut du Géant : Guide du Cycliste pour le Col du Galibier

Il y a quelque chose de magique lorsqu’on se tient au pied de Saint-Michel-de-Maurienne, le regard levé vers cette route sinueuse qui disparaît dans les nuages. Les jambes sont fraîches, l’esprit est vif, mais ce petit frisson d’excitation nerveuse vous chatouille l’estomac. Vous êtes sur le point d’affronter l’une des ascensions les plus légendaires du cyclisme – le mythique Col du Galibier.

Un Triple Défi : Pas Une Simple Ascension

Soyons francs – le Galibier n’est pas qu’une simple montée, c’est un triptyque qui forme une aventure épique. Depuis Saint-Michel-de-Maurienne à 715 mètres d’altitude, vous avez devant vous 34,8 kilomètres avec un dénivelé positif de 1 924 mètres. Mais voici ce qui le rend unique : vous devrez d’abord dompter le Col du Télégraphe, reprendre votre souffle dans la descente vers Valloire, puis affronter le plat de résistance – l’ascension jusqu’au sommet du Galibier à 2 642 mètres.

Imaginez une pièce en trois actes, où chaque partie possède son propre caractère. Le Télégraphe joue le rôle du premier acte – 11,8 kilomètres à 7,17% de moyenne. C’est suffisamment exigeant pour commander le respect, mais assez gérable pour vous tenter de pousser trop fort. Ne tombez pas dans ce piège. Vous aurez besoin de ces cartouches plus tard.

Le Passage du Télégraphe : L’Ouverture

Les pentes boisées du Télégraphe offrent une douce introduction à votre journée. La route serpente à travers les forêts de pins, offrant un ombrage bienvenu pendant les matinées d’été. La pente est remarquablement régulière, ce qui permet de trouver son rythme et de s’installer dans une cadence soutenable. C’est ici que vous devrez avoir une sérieuse conversation avec vous-même sur la gestion de l’effort – vos jambes peuvent sembler en pleine forme, mais rappelez-vous, ce n’est que le début.

L’Interlude de Valloire : Ne Vous y Trompez Pas

Après avoir atteint le sommet du Télégraphe à 1 566 mètres, vous profitez d’une descente de 5 kilomètres vers Valloire. Il est tentant de baisser sa garde ici – après tout, vous venez de conquérir votre premier col de la journée. Le village de Valloire, niché à 1 430 mètres, constitue un arrêt parfait pour se ravitailler. Croyez-moi, vous voudrez remplir vos bidons ici. Le vrai défi ne fait que commencer.

Le Plat Principal : Le Galibier

C’est maintenant que commence la partie qui a mis à l’épreuve d’innombrables cyclistes au fil des ans. Depuis Valloire, il vous reste 18,2 kilomètres à 6,9% de moyenne. Mais les moyennes peuvent être trompeuses. L’ascension commence doucement à travers le hameau des Verneys, mais ne vous y fiez pas. La route s’élève bientôt au-delà de 8%, et ce n’est qu’un avant-goût de ce qui vous attend.

En passant par Bonnenuit (oui, les locaux ont manifestement le sens de l’humour), vous aurez droit à un bref répit. Savourez-le. Car ce qui suit est l’endroit où le Galibier montre vraiment les dents. Les 8 derniers kilomètres affichent une moyenne de 8,5% à une altitude où l’air se raréfie sensiblement. Chaque coup de pédale devient une négociation avec vos jambes, chaque respiration un peu plus précieuse.

Le Défi de la Haute Altitude

Quelque chose d’intéressant se produit au-dessus de 2 000 mètres. Les arbres disparaissent, laissant place aux alpages puis à des paysages lunaires. La température chute significativement – même lors des chaudes journées d’été, vous voudrez emporter une coupe-vent pour la descente. Mais ce n’est pas seulement la température qui change ; l’air se raréfie, rendant votre puissance habituelle comparable à un effort héroïque.

Le dernier kilomètre, avec ses 9% de pente, est l’endroit où se forgent les légendes. Vous passerez le tunnel à 2 556 mètres (fermé aux cyclistes, mais peu importe – le vrai sommet vous attend), et ensuite ce n’est plus que vous, la montagne, et ce qu’il reste dans vos jambes. La vue sur les sommets environnants, y compris les glaciers de La Meije, devient plus spectaculaire à chaque virage.

Conseils Pratiques d’Expérience

Ayant gravi le Galibier dans diverses conditions, voici quelques leçons durement apprises :

Partez tôt, surtout en été. La météo tend à être plus stable le matin, et vous éviterez le plus gros de la chaleur sur les pentes inférieures.

Emportez plus de nourriture que vous ne pensez en avoir besoin. La combinaison de l’altitude et de l’effort prolongé peut bouleverser vos niveaux d’énergie. De petites collations fréquentes fonctionnent mieux que d’essayer de manger beaucoup en une fois.

La météo peut changer drastiquement entre le pied et le sommet. Même les jours chauds, emportez au minimum des manchettes et un gilet. Vous vous en remercierez dans la descente.

Se Préparer pour le Défi

La préparation est la clé pour affronter le Galibier dans les meilleures conditions. Au-delà de la forme physique nécessaire, plusieurs aspects méritent votre attention. Premièrement, l’acclimatation à l’altitude n’est pas à négliger. Si possible, passez quelques jours dans la région avant de tenter l’ascension. Cela permettra à votre corps de mieux gérer la raréfaction de l’oxygène qui se fait sentir particulièrement au-dessus de 2000 mètres.

La météo joue un rôle crucial dans votre expérience. Les conditions peuvent changer drastiquement en quelques heures, et ce qui commence comme une belle journée d’été dans la vallée peut se transformer en véritable défi météorologique au sommet. Consultez les prévisions spécifiques au col – les sites météorologiques de montagne sont plus fiables que les applications générales pour ce type de relief.

Concernant l’équipement, pensez à la polyvalence. Même en plein été, votre sac de poche devrait contenir :

  • Un coupe-vent imperméable
  • Des gants longs
  • Un bonnet fin ou un buff qui passe sous le casque
  • Des manchettes et des jambières La règle d’or en montagne : il vaut mieux avoir et ne pas utiliser que regretter de ne pas avoir emporté.

La Gestion de l’Effort : L’Art du Tempo

L’une des clés pour réussir l’ascension du Galibier réside dans la gestion de l’effort. La tentation est grande de partir trop vite sur le Télégraphe, surtout avec des jambes fraîches. Résistez-y. Adoptez un rythme que vous pourriez tenir en conversation – c’est un bon indicateur que vous ne dépassez pas vos limites.

L’alimentation et l’hydratation jouent un rôle crucial. À haute altitude, le corps consomme plus d’énergie et se déshydrate plus rapidement. Prévoyez de boire toutes les 15 minutes environ, même si vous n’avez pas soif, et de manger quelque chose toutes les 45 minutes. Les barres énergétiques et les gels sont pratiques, mais n’oubliez pas les aliments solides pour les longues ascensions – une banane ou un sandwich peuvent faire des merveilles pour le moral autant que pour les jambes.

Un Monument de l’Histoire du Cyclisme

L’histoire du Col du Galibier est aussi riche que ses paysages sont spectaculaires. La route que nous empruntons aujourd’hui fut construite à partir de 1880 et achevée en 1891, initialement dans un but militaire. Le percement du tunnel sommital marqua l’aboutissement d’un projet ambitieux de l’Armée des Alpes visant à relier les grandes vallées par les hauts cols.

La véritable légende du Galibier dans le monde du cyclisme commence en 1911, lorsque le Tour de France l’inclut pour la première fois dans son parcours. L’anecdote raconte que seuls trois coureurs – Georget, Garrigou et Duboc – parvinrent à le franchir sans mettre pied à terre, une prouesse considérable pour l’époque avec les vélos et les routes d’alors.

Depuis, le col est devenu un juge de paix incontournable de la Grande Boucle, avec 36 passages depuis 1947. En 1979, il fut classé « Hors Catégorie », une reconnaissance de son caractère exceptionnel. L’année 2011 marqua le centenaire de son premier passage dans le Tour avec un double franchissement dans la même étape, un événement qui restera dans les annales.

Alors que vous faites votre dernier effort vers le sommet, vous passerez devant le monument Henri Desgrange, honorant le père du Tour de France. Depuis sa première inclusion dans le Tour en 1911, le Galibier a été franchi 36 fois par la plus grande course du monde. Henri Desgrange lui-même l’a si bien dit : « Devant ce géant, il n’y a plus qu’à tirer son bonnet et à saluer bien bas. »

Debout au sommet, vous comprendrez exactement ce qu’il voulait dire. Le Galibier n’est pas qu’une ascension – c’est un voyage à travers l’histoire du cyclisme, un test de caractère, et finalement, une conversation avec vous-même sur vos capacités. La vue depuis 2 642 mètres n’est pas seulement celle des Alpes environnantes ; c’est une vue sur vous-même et sur ce dont vous êtes capable lorsque vous poussez au-delà de votre zone de confort.

Le Sommet : Entre Contemplation et Prudence

Prenez un moment au sommet. Vous l’avez mérité. Mais n’oubliez pas que votre aventure n’est pas terminée – la descente demande autant d’attention que la montée. Les premiers kilomètres sont particulièrement techniques, avec des virages serrés et une route parfois exposée au vent. Prenez le temps d’enfiler vos vêtements chauds avant d’entamer la descente, même si vous n’avez pas froid sur le moment. La température ressentie peut chuter rapidement avec la vitesse.

La vue depuis le sommet offre un panorama à 360 degrés sur les Alpes. Par temps clair, vous pourrez apercevoir le Mont Blanc au nord, les glaciers de la Meije à l’est, et une myriade de sommets qui s’étendent à perte de vue. C’est le moment idéal pour quelques photos souvenirs, mais aussi pour réaliser l’exploit que vous venez d’accomplir. Vous venez de conquérir l’un des véritables monuments du cyclisme, rejoignant la longue lignée des cyclistes qui se sont mesurés à ce géant des Alpes. La descente vous attend, mais pour l’instant, savourez simplement l’accomplissement. Vous avez fait quelque chose de spécial aujourd’hui.

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